J+306 Parier de l’argent sur un match de foot !
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J+306 Parier de l’argent sur un match de foot !

Défi n°218 : S’adonner à la coutume locale en pariant de l’argent sur les matchs de la coupe du monde!

 

Après une longue journée dans les airs, rien ne valait une récupération sur la terre ferme dans un lit confortable, malgré l’état très rudimentaire de notre homestay. Nous avons donc passé la journée à récupérer, et nous en avons également profité pour discuter avec Ronald, un guide touristique rencontré la veille dans notre hôtel. Il nous a donné un tas d’informations sur les excursions aux alentours de Manado, et nous avons discuté de l’organisation de ces activités. Nous souhaitions notamment découvrir les fonds marins de Bunaken, très réputés, mais sans pour autant passer la nuit là bas, car les prix des logements sont très élevés. Nous lui avons donc demandé la possibilité de faire un “day trip” de snorkeling ou de plongée, et de réserver 2 nuits de plus dans cette unique chambre double. Il nous a affirmé que la chambre serait libre, qu’il se renseignerait pour notre excursion, et qu’il préviendrait le propriétaire du homestay dans lequel nous logions. Il est 19h, et nous commençions à réflechir à ce que nous allions manger, quand la propriétaire entre dans notre chambre et nous demande de la libérer. Un peu choqués, nous lui expliquons que Ronald nous avait confirmé que nous pouvions rester, et elle nous informe que la chambre avait déjà été réservée depuis un bout de temps, que Ronald ne travaille pas vraiment pour eux, et qu’il n’a pas du comprendre notre demande. Totalement désolée, elle nous assure qu’elle va chercher une solution de son côté pour que nous puissions trouver autre chose. La situation se complique car, dans le centre, la plupart des hôtels sont complets et très chers, ce qui nous fait regretter notre décision de ne pas être allés sur Bunaken… Nous croisons Ronald, tout penau, qui fait beaucoup moins le fier quand nous le coincons entre 4 yeux (6 à vrai dire) pour lui expliquer qu’il a fait une grosse erreur et qu’il nous a mis dans la merde tout simplement. Fort heureusement, Sela, la propriétaire, est présente pour calmer le jeu, pour soutenir que c’est un regrettable problème de communication, et qu’elle peut nous accueillir chez eux si on le souhaite. Comme c’est véritablement un amour, elle accepte de nous faire payer le même prix qu’ici, en nous offrant une chambre double chez elle avec climatisation, douche chaude et wifi. La chance nous sourit, on a été surclassés (sensation bizarre car peu méconnue ces temps ci). C’est peu de le dire… Son mari, qui tient un club de plongée, est venu nous chercher après avoir récupéré sa soeur et sa maman à l’aéroport car elles étaient en vacances pour quelques jours à leurs côtés. Il nous a emmené en voiture, s’est arrêté pour que l’on puisse prendre à manger et nous a ouvert chaleureusement les portes de sa maison. Nous avons beaucoup discuté avec eux car autant le couple, que la belle soeur, parlent un anglais irréprochable. Je pense que nous sommes tombés sur une famille assez aisée au vu de la maison, de leurs métiers respectifs, et de leur niveau d’éducation. Toujours est-il que nous n’avons jamais été aussi choyés… !

 

Le lendemain matin, nous avions réservé une journée de snorkeling sur Bunaken auprès de Ronald pour 500 000r chacun (30€). Après le coup d’hier, nous avions failli décommandé, mais puisque les choses se sont arrangées, nous avons choisi de lui faire confiance et de s’en tenir à ce que nous nous étions fixés. Nous avions rendez-vous à 7h30 au homestay, mais comme notre hôte, d’une hospitalité sans pareille, souhaitait que nous prenions un thé ou un café, nous avions pris un peu de retard. Toujours escortés en voiture, nous débarquons à l’hôtel où Ronald nous attend. Nous filons avec lui en taxi en direction du port pendant qu’il nous assurait que l’excursion durerait toute la journée, que nous aurions tout notre temps pour faire du snorkeling, que le bateau est privatisé, que le capitaine connait tous les bons spots et qu’il y aura de nombreux endroits à découvrir, que nous allions pouvoir nous poser sur de belles plages, que le repas du midi, ainsi que l’équipement sont bien compris dans le prix. Sur place, nous rencontrons notre capitaine pour la journée. Je demande tout de même si nous allons devoir prendre le taxi en sens inverse ce soir, et ça semblait lui être sorti de la tête. Ronald nous donne 14 000 en nous disant que ça suffira pour un taxi et que ça nous permettra de rentrer (ça sentait déjà l’organisation pourrie). Sur le bateau, nous quittons le port à 9h30, sous un temps pluvieux, et nous n’arrivions pas à être totalement enthousiastes. Disons que nous nous demandions à quelle sauce nous allions une fois de plus nous faire arnaquer. C’est assez grave d’en arriver à ce point, mais il faut dire que nous essuyons les déceptions ces derniers temps.

 

Une petite heure de bateau plus tard, nous accostons sur l’île de Bunaken où nous allons choisir notre équipement. Le bateau effectue véritablement 200m et l’équipage nous fait signe de descendre pour aller admirer ce premier spot de snorkeling. C’était vraiment magnifique. Il y avait peu d’eau, beaucoup de coraux, et les espèces étaient vraiment nombreuses. Tout au long de la rive, nous avions l’impression d’un grand mur de corail avec des milliers d’espèces, c’était fou. Nous avons passé une petite demi heure sur place, car, nous commencions à être beaucoup trop nombreux sur le site pour continuer à l’apprécier pleinement. C’est tout à fait normal vu la beauté de l’endroit. Nous sommes remontés dans le bateau, et nous sommes revenus sur Bunaken ce qui nous a quelque peu étonné. Nous avons tenté de leur demander pourquoi, mais aucun d’eux ne parlaient anglais. Nous les avons finalement vu revenir 20min plus tard avec une noix de coco fraiche et des beignets de bananes frits qui n’étaient pas prévus au programme. Puisqu’il était assez tôt (10h30), nous n’avions pas super faim, mais nous étions bien contents du service! Ça nous a redonné espoir quant à cette journée qui démarrait vraiment bien ! Nous avons ensuite navigué 15min et nous nous sommes arrêtés près d’un bateau de plongeurs. Nous avons ré-enfiler les palmes et nous nous sommes jetés à l’eau sous la pluie. Le récif était encore plus beau, encore plus de variétés de poissons, alors que nous ne pensions pas ça possible. Pendant cette session de snorkeling, nous avons eu la chance de tomber à nouveau sur une tortue géante que nous avons pu suivre malgré le courant! Et quel courant ! En quelques secondes, nous avons été emportés sans rien comprendre, et quelques minutes plus tard, nous étions ballotés dans l’autre sens. C’était un peu plus sportif d’observer la vie sous marine mais nous y sommes restés un peu moins d’une heure. Il faut dire qu’à chaque fois que nous relevions la tête, le capitaine nous faisait signe pour que nous puissions repartir. Malgré le temps maussade, les couleurs et tout ce que nous avons pu observer nous ont bien redonné le sourire.

 

 

Il fut de courte durée. Après cette plongée, nous remarquons que le bateau semble rentrer au port. Comme il est midi, nous avons pensé que nous allions certainement déjeuner sur la terre ferme avant de repartir. Malgré tout, nous sommes habitués des promesses et des déceptions asiatiques, donc nous avons tenté d’en savoir plus, mais avec cette barrière de la langue, nous n’avons pas obtenu nos réponses. Une fois à quai, le capitaine nous dit “finish”. Il était 12h30. Nous étions partis depuis seulement 3h et encore, parce que nous étions en retard. Par chance, nous trouvons un monsieur qui parle anglais qui se joint à nous pour faire la traduction, et là c’est l’incompréhension. Ronald leur aurait dit que nous allions nager que le matin, que ce serait que 2 spots de snorkeling, qu’il leur a donné seulement 50 000 pour notre encas, et qu’ils n’avaient désormais plus d’essence pour retourner sur Bunaken. La totale. Le monsieur avec qui nous avons échangé n’en revient pas, d’autant qu’il propose la même excursion, au même prix et que ses clients ne sont revenus qu’en fin d’après midi, le temps de découvrir tout Bunaken. Invraisemblable. Ce n’est pas comme ci l’activité nous avait coûté un bras pour du snorkelling… Nous avons donc noté les numéros de tout le monde, pris en compte leur témoignages en comprenant bien que la faute était, encore une fois, celle de Ronald.

 

Abasourdis, dégoutés, mais surtout en colère, on cherche désormais un moyen de retourner au homestay situé en dehors de la ville. On démarche tous les bus, les taxis mais personne ne semble connaitre, malgré nos explications et l’endroit pointé sur la carte. Nous finissons par prendre un bus public tenu par deux jeunes qui écoutaient la fameuse techno indonésienne imbuvable et qui nous demandait le double du prix classique (8000/pers. au lieu des 4000r). Puisque ce n’était pas notre argent, nous n’avons pas cherché plus loin. Ils nous ont conduit pendant que nos oreilles saignaient, jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent à 1km du homestay. Ils essayent de nous faire comprendre qu’il faut qu’on paye davantage pour continuer, et d’énervement, nous préférons sortir de ce bus plutôt que de continuer à être la cible de ces enfants de 12ans. Nous rentrons donc au homestay sous un soleil de plomb qui a décidé de se pointer maintenant que nous avons terminé notre excursion (quand le sort s’acharne). Animés par la seule envie de trouver Ronald, de lui dire ses 4 vérités et d’exiger notre remboursement, nous nous retrouvons seuls à notre homestay. Après quelques coups de fil de la part de la seule personne présente dans l’hôtel, nous apprenons que Ronald est parti en excursion pour la journée, que Sela et son mari sont au travail, et que nous devons attendre le retour de tout le monde pour rentrer “chez nous” et régler nos comptes. Une nouvelle qui tombait à pic, car étant donné que nous devions passé la journée sur le bateau, nous n’avions que nos maillots de bain et nos serviettes. 6h. C’est le temps que nous avons du patienter sans avoir rien à faire, aucune chambre à occuper, juste cette histoire à ruminer. Je peux vous dire que nous attendions ce Ronald de pied ferme.

 

Il a eu beaucoup de chance. La première personne a être arrivé vers 18h, c’est Sela, la propriétaire. Nous lui avons expliqué l’histoire et elle était très choquée, très remontée envers ce fameux Ronald qui est un de leurs amis. Elle nous a offert des boissons, à partager un peu de son repas avec nous, et nous avons longtemps discuté avec elle. Par sa gentillesse et l’intérêt de comprendre son quotidien et son histoire, nous en avions presque oublié ce fameux Ronald. Il n’est arrivé que vers 20h, la queue entre les jambes en nous demandant timidement comment ça c’était passé (entre temps Sela lui avait téléphoné pour le mettre au courant). Nous lui avons calmement expliqué notre journée en pointant du doigt tout ce qu’il nous avait promis et que nous n’avions pas fait. Gêné, il nous a proposé de nous payer notre repas mais nous avions déjà fait nos courses. Il s’est excusé mais a tout de même mis en doute notre parole en appelant les capitaines qui ont également sorti un autre son de cloche (3 spots réalisés au lieu des 2 effectués). Nous avons essayé qu’il se mette à notre place, qu’il comprenne que c’est une sacrée somme, et que nous avons été déçus. Nous lui avons demandé d’imaginer qu’il avait acheté 600 euros son billet d’avion pour la France, et que le pilote, à mi-trajet, au bout de 8h, choisi de s’arrêter en Inde et de le laisser dans la merde. Forcément, la même réponse typique d’Asie : “Oui oui”. Au bout d’un moment, voyant qu’il était en boucle sur le fait que la faute venait des capitaines, Loick a décidé de prendre la parole et a haussé le ton. Il n’a fallu que ça pour qu’il tende son porte monnaie et nous rende 200 000r (sachant qu’il n’avait pris que 100 000 de marge sur le million). Il a commencé à baragouiner en disant que les Français était la pire nationalité, puis il a fini par nous dire qu’il plaisantait et qu’il avait parié sur nous pour le match de ce soir. Bipolaire le type. Dans l’affaire, ce qui a été également rageant, c’est de constater qu’une fois de plus, la femme n’a pas son mot à dire. Dès qu’il s’agit de négociation ou pour exprimer notre mécontentement, j’ai beau dégainer tous les bons arguments et/ou m’énerver en anglais, ça ne change absolument rien. En revanche, quand Loick fait une simple phrase (plus ou moins correcte), tout le monde s’exécute.

 

Et ce n’est pas étonnant que les femmes ne soient pas vraiment écoutées, car Sela, nous a confié qu’il est dans leur devoir de s’occuper de leur mari et de choyer les hommes de manière générale. Peu de femmes conduisent, et elles sont également très peu à avoir un métier. En Indonésie, elles sont mariées très tôt, ne doivent pas avoir de relations sexuelles avant le mariage, et le divorce entraine les jugements, l’exclusion et l’acharnement social. Elle nous racontait que nombreuses sont les femmes battues, mais elles préfèrent se prendre des coups plutôt qu’affronter le regard des autres si elles décidaient de divorcer. Dans les villages, les femmes peuvent être mariées à 8/10ans, et les hommes peuvent posseder plusieurs femmes. Des ONG essayent de combattre ces agissements et de faire des procès aux hommes qui enfreignent la loi en étant marié à plusieurs femmes dont des enfants, mais, puisque le mari paye la famille et offre une situation confortable à la future femme, ce sont généralement les parents de l’enfant qui refusent de porter plainte et qui vont même jusqu’à témoigner en la faveur du mari au procès. Elle nous expliquait que les coutumes sont souvent plus fortes que les lois.

 

Ceci étant dit, revenons à nos affaires. Nous avons lâché Ronald et nous sommes rentrés chez Sela pour préparer 2/3 trucs à grignoter et se mettre devant le match de l’équipe de France. Comme le veut la tradition indonésienne, Sela nous demande si nous souhaitons parier pour la France. Elle nous propose 300 000 ou 400 000, mais en voyant nos têtes, elle nous dit que peu importe le montant, ce n’est pas grave si aucun pari n’est en jeu. Etant donné que nous venons de récupérer que 200 000 de la part de cet escroc, nous avons parié 100 000, afin d’éviter d’être déçus et de perdre encore plus d’argent aujourd’hui (sait on jamais). On se met devant la télé familiale, sur le canapé, avec Sela et sa fille. Nous sommes vite rejoint par son mari, sa soeur et sa maman qui étaient de sortie. Le match était incroyable, nous étions en ébulition pendant 2h, c’était véritablement les montagnes russes. La première fois que l’on vibrait pour un match de la France, la première fois qu’on sentait l’envie et la ferveur des joueurs qui faisaient plaisir à voir. Et comme vous le savez, nous avons gagné ce qui nous a remis du baume au coeur et qui nous a permis d’empocher 100 000r supplémentaires ! Doublement gagnant sur cette fin de soirée et un super moment qui s’achève, après une journée quelque peu mitigée…

 

 

 

Prochaine destination : Gorontalo, des idées?

 

 

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02 Comments

  1. Christèle

    La condition de la femme dans ces pays là (à notre époque ) nous donne envie de hisser haut la bannière des féministes…
    En attendant ce soir on va hisser haut nos drapeaux bleu blanc rouge 🇫🇷⚽️

    10 juillet 2018
  2. Orane_Lbt

    Exactement, c’était révoltant à attendre et la situation est globalement la même en Asie… On a de la chance d’être en France :).

    18 juillet 2018

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