Défi n°211 : Se retrouver au milieu des supporters aux élections locales !
Tenez vous prêts. Vous pensiez avoir tout lu concernant nos trajets de bus interminables et ennuyeusement ressemblants, nous vous avons concocté une petite pépite. Joie, organisation et confort sont au programme.
Cette expédition remonte donc à une heure si matinale qu’elle ressemble davantage à un horaire de coucher que de lever. Nous avons mis le réveil à 3h45 pour être sur de ne pas louper le bus local pour Bajawa. Recontextualisons les amis! Nous sommes sur l’île de Flores en Indonésie qui n’est pas forcément réputée pour être bien desservie. Une seule route traverse l’île, la Transflores qui s’apparente globalement à un interminable chemin de montagne. Comme les touristes ne se bousculent pas pour visiter le reste de cette île un peu méconnue (à part Labuan Bajo), il existe peu de modes de transports pour se déplacer et quasiment aucune agence de bus. Voici ce que nous avons récolter dans notre pêche aux informations; une voiture privée coûte 2,5 millions, un bus direct réservable part vers 7h pour 350 000r et il existe un bus local également direct qui part entre 4h et 5h du matin et qui n’est supposé coûté que 100 000r. Vous vous doutez que nous ne sommes pas aller au plus simple mais au plus économique. Nous nous étions mis en tête de trouver ce bus nommé “Gemini” qui est supposé passer dans le centre à une heure un peu approximative. Nombreux sont les locaux qui nous ont mis en garde, persuadés qu’on allait le louper, qu’il allait s’avérer complet et qu’il fallait mieux jouer la sûreté. Vous comprenez donc mieux la raison de ce réveil très matinal pour s’assurer de trouver une place à bord de ce bus local pour Bajawa.
Les seuls levés à 4h dans les rues de la ville avec aucune véritable indication sur le lieu d’arrêt de ce bus. Plusieurs discours, jamais le même. Nous effectuons des aller retour sur la rue principale du centre ville, accompagnés par les chiens errants et les rats. 4h30, c’est l’appel à la prière de la mosquée que nous sommes contents d’entendre éveillés cette fois-ci. Les hommes vêtus de leur chéchia se dirigent un à un vers la mosquée pendant que nous continuons de galérer avec notre bus. 5 minutes plus tard, nous distinguons l’inscription au loin… Hallelujah! Nous l’avons trouvé. Nous sommes accueillis dans le noir total par un chauffeur à moitié endormi et un assistant qui soulève nos affaires pour les mettre sur une pile de sacs sur la plage arrière. Nous étions les premiers passagers et pourtant il y avait d’énormes sachets en tout genre répartis un peu partout sur le sol de ce bus en perdition. Il commence à nous parler du prix en nous annonçant la couleur ; 150 000 au lieu des 100 000 que nous avions prévu initialement. Nous n’avions plus trop le choix et nous attendions de voir ce que les locaux allaient lui donner pour pouvoir créer notre argumentaire. Nous attendons un bon quart d’heure bercés par le chant de l’imam, en train de s’impatienter. Puisqu’il était déjà 5h, nous allons réveiller notre chauffeur en lui demandant à quelle heure il partait. Ça a du lui faire un électrochoc puisqu’il a immédiatement démarré le véhicule. C’est beaucoup trop facile… Quelque chose de louche se trame.
Aux premiers passages de vitesse, nous nous demandons vraiment dans quoi nous avons mis les pieds en espérant que cette “chose” puisse tenir les 10h de trajet qui nous attendent. On roule dans la nuit noire, et on récupère quelques passagers au fur et à mesure. Il est presque 6h, le jour commence à se lever et qu’est ce qu’on distingue? Nous sommes retournés au point de départ. Pendant 1h, nous sommes juste aller chercher du monde pour remplir le bus qui était désormais plein après plusieurs tours en centre ville. Un peu dégoûtés de s’être levés aussi tôt et que cette heure de route n’ait pas servi à nous rapprocher de notre objectif.
Nous avons mis 12 heures. 12 heures. Pour 260 kilomètres. De 4h30 du matin à 16h30, pour un Paris – Tours. Nous avons passé 12 heures dans ce bus au bord de la rupture, sur des routes qui ne pouvaient pas être plus en zig zag, avec un temps pourri alternant pluie et brouillard. Nous étions gelés et frigorifiés sur nos sièges à côté de la porte qui ne se ferme pas, sinon ce serait pas rigolo. Toujours ce même état d’esprit, comme partout en Asie, la capacité de trouver de la place là où il y ‘en a pas. Les gens étaient donc assis sur les sachets, et devraient songer à une reconversion dans le contorsionnisme. Et si seulement c’était tout. Le chauffeur s’est arrêté plus du vingtaine de fois, parfois pour prendre des gens, parfois pour raconter une blague au mec assis en tailleur au milieu de la route, parfois pour aller chercher à manger, pour aller pisser pendant que le bus est garé en plein virage. Je ne vous parle pas de l’ambiance à l’intérieur du véhicule. Les hommes fument à côté des nouveaux nés sans aucune gêne, vous soufflant la fumée au visage. Les gens vomissent et les hommes crachent. Vous allez me dire que c’est logique au vu de tous ces virages, mais c’était sans compter sur le fait que les gens crachent par terre. Oui, c’est ça, à tes pieds, sur le sol du bus, toutes les 30 secondes, se pose un gros mollard. On passera également l’énervement quand les locaux ouvrent simplement la fenêtre pour jeter leurs bouteilles en plastiques et autres déchets. Rien à ajouter? Et bien si, on pourrait également vous parler du fait que nous avons voyagé avec une poule à nos pieds sans “becolière” à deux doigts de nous picorer les orteils, ou du cochon installé sur le toit qui piétinait le sol emporté par les mouvements du bus. Ajoutons à cela l’odeur immonde dégagée par un sachet d’au moins 10kg d’ail sous nos pieds, ainsi que tous les autres chargements récupérés au fur et à mesure, qui devaient très certainement transporter des morceaux de viande ou de poisson.
Mais ce bonheur ne serait rien sans la petite cerise sur le gâteau, pour le moins imprévisible par ici ; des bouchons ! C’est à dire que pendant 8h de trajet nous n’avons croisé personne, si ce n’est quelques scooters et tuktuks, mais nous nous sommes retrouvés complètement bloqués par des centaines de véhicules surgit inopinément. Nous avons rapidement compris qu’il s’agissait d’une manifestation, et en s’arrêtant pour manger dans l’un des villages, nous avons pu voir cette parade ! Les élections doivent avoir lieu très prochainement et les locaux étaient de sortis munis de leurs banderoles, de leurs couleurs, du numéro de leurs candidats et avaient décidé de le faire savoir à la terre entière ! C’était assez impressionnant de les voir si nombreux sur les scooters et sur les camions aussi bien sur le toit qu’à l’intérieur du véhicule. C’était assez sympathique de voir cette ferveur et ce rassemblement, bien que ça nous ai pas mal ralenti.
Nous avons terminé ce trajet dans les hauteurs et sous la pluie, 13h depuis notre réveil, avec un mal de fesse assez conséquent. Étant donné qu’aucun local n’avait fait le déplacement jusqu’ici, nous n’avions pas de point de comparaison pour le prix. Nous avons du lui donner la somme annoncée, et la seconde d’après, nous étions mis à la porte, sortis du véhicule sans raisons. Pourtant le chauffeur nous avait bien confirmé qu’il irait jusqu’à Bajawa dans le centre de la ville, et il nous a lâché à 3km de notre destination. Nos bagages sur le dos, nous étions désormais la cible des indonésiens fort sympathiques qui souhaitaient devenir notre taxi, mais déjà agacés par le prix payé, nous étions bien déterminés à terminer à pied. Je précise par ailleurs que depuis 5h le matin, nous n’avions mangé que quelques céréales puisque nous n’avons pas pu nous arrêter pour acheter quelque chose à manger. Autant vous dire que les nerfs étaient à deux doigts de lâcher. Nous débutons notre marche sportive dans les montagnes, avant qu’une nouvelle galère ne survienne. Le téléphone de Loick qui lâche, nous laissant sans aucune carte pour nous repérer. Nous réussissons tant bien que mal à rejoindre la ville, et après quelques recherches et quelques déceptions, nous trouvons enfin un hôtel pas trop cher de qualité ! La suite n’a pas été très productive, nous avons été prendre une douche froide histoire d’être surs de chopper la crève, puis nous sommes allés manger (ça faisait longtemps) avant d’aller nous coucher.
C’était long, c’était intense, c’était une sacrée expérience, on espère que ça valait le coup. Ce sont les nerfs et la fatigue qui ont parlé, merci pour votre attention.
Prochaine destination : Bajawa, des idées?
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